Info CMCM. Vinted relie pour la première fois le Royaume-Uni et les États-Unis. Les colis voyageront par avion, explique le PDG de Vinted à CM-CM.fr. Un choix à interroger sur le plan écologique.
Un pull Zara déposé à Camden peut désormais finir dans un casier Vinted Go à Manhattan. Scène improbable hier, réalité depuis le 17 novembre. Glissée dans des posts LinkedIn de cadres de l'entreprise, l'annonce est passée inaperçue. Ces jours-ci, l'attention portée à Vinted se concentre ailleurs. La plateforme est secouée par une affaire d'annonces détournées pour renvoyer vers des contenus pornographiques ou érotiques révélée par l'Informé, dans la continuité des « salopes de Vinted », que très peu de médias avaient relayée cet été. Pendant ce temps, loin du tumulte, New York peut désormais chiner Londres et vice versa.
Vinted crée sa première liaison directe entre le Royaume-Uni et les États-Unis. Jusqu’ici, aucun colis ne circulait entre les deux marchés. Reste à savoir comment ils voyagent.
Les colis partent en avion, Vinted confirme
Le mode de transport n’avait pas été communiqué. Contactée par CM-CM.fr, Vinted confirme que les colis prennent l'avion, dans le cadre d’une phase test. La plateforme parle d’une « phase test » et d’une « étape transitoire », qui ne représenterait qu’une part limitée de son activité.
L'aérien n’est « pas encore une solution à long terme », précise Thomas Plantenga, PDG de Vinted à CM-CM.fr.
L’objectif de cette ouverture est d’accompagner l’expansion américaine de la plateforme, sur un marché où Vinted s'est cassé les dents en 2015. Le test devrait mesurer les volumes, les retours, les coûts et la faisabilité logistique. Il reste cantonné à la route Royaume-Uni–États-Unis : la France, marché central pour Vinted, n’est pas concernée.
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Vinted : mais le climat ?
Le recours à l’avion interroge, surtout pour une plateforme qui fait de la seconde main un argument de bon sens. Le transport aérien est le mode le plus carboné par kilomètre parcouru ; faire traverser l’Atlantique à des colis entre particuliers fragilise la cohérence écologique des échanges. La plupart des articles vendus sur Vinted coûte quelques euros (une robe Undiz à 4 €, un jean Kiabi à 6 €) et une partie importante provient de la mode ultra-express.
Le bénéfice du réemploi existe, puisque l’essentiel de l’impact se joue au moment de la production, mais il diminue très fortement dès lors qu’un article prend un vol long-courrier. Comme le résume un expert indépendant des impacts environnementaux interrogé par CM-CM.fr :
« L’expédition aérienne réduit nettement le bénéfice environnemental du réemploi. Dès lors qu'elle peut être évitée, il faut le faire. La seconde main est réellement vertueuse lorsqu’elle circule à l’échelle locale. »
Vinted a récemment communiqué sur l’harmonisation de ses tableaux de tailles pour réduire les erreurs d’achat en alignant les référentiels britanniques, européens et américains. Cette mesure améliore l’expérience utilisateur, mais elle n’agit ni sur les distances parcourues, ni sur le volume des colis expédiés.
Pas de circuit court
L’option permettant de privilégier les échanges proches de chez soi a disparu depuis plusieurs années. L’application ne permet donc ni de filtrer par distance, ni d’écarter les annonces expédiées depuis l’étranger. Un utilisateur qui souhaite acheter local ne peut tout simplement pas le faire.
Cette « phase test » intervient alors que Vinted mène plusieurs chantiers, dont le développement du réseau Vinted Go et la consolidation du marché allemand. Vinted, créée en 2008, prévoit de dépasser les 10 milliards d’euros de volume de transactions en 2025 et vise un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros. Le groupe a déjà exprimé son ambition : devenir, dans la seconde main, un acteur aussi central qu'Amazon dans le commerce en ligne.
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