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Union pour le Réemploi Solidaire : la naissance d’une filière d'intérêt général du réemploi

Maurane Nait Mazi
29 février 2024
29 février 2024
4 min

Pour la première fois, les principaux acteurs du réemploi solidaire en France ont uni leurs forces, lançant l'Union pour le Réemploi Solidaire le 29 février à l'Assemblée Nationale. Cette initiative historique aspire à devenir la voix de référence des structures de l’Économie Sociale et Solidaire spécialistes des activités de réemploi, et pourrait signaler une ère nouvelle pour l'économie du réemploi, promettant unité et cohésion. On vous explique.

Le réemploi au cœur des pratiques économiques et sociales

L'Union est portée par six réseaux nationaux : Coorace, Emmaüs France, Envie, ESS France, L’Heureux Cyclage, Réseau National des Ressourceries et Recycleries. C'est en présence du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu que l'Union officialise sa volonté de catalyser une transformation.

C'est une « filière originale d’un nouveau genre. Une filière d’intérêt général intégralement portée par les acteurs de l'ESS. » selon Jérôme Saddier, président d'ESS France.

L'Union place la sobriété, la réparation et le réemploi au cœur des pratiques économiques et sociales. Par cette initiative, les réseaux représentatifs du réemploi solidaire ont « vocation de valoriser les actions et représenter les intérêts des structures de l’économie sociale et solidaire spécialistes du réemploi tout en développant des projets structurants » précise l’Union. Avec huit principes directeurs, l'Union vise à sensibiliser à la nécessité de changer nos comportements, lutter contre l'obsolescence, promouvoir la solidarité, le non-lucratif, les circuits courts, une gouvernance partagée, la coopération entre structures et un maillage territorial dense.

Les défis stratégiques dans le secteur du réemploi pour une transition réussie

Malgré l'élan prometteur, l'Union fait face à d'importants défis. La législation actuelle peine à soutenir pleinement l'essor du secteur du réemploi solidaire. Les questions de financement, d'accès au foncier, et de concurrence avec le secteur lucratif requièrent des réponses stratégiques, cohérentes et rapides. Florentin Letissier, Maire-adjoint de la ville de Paris soulignait ces difficultés dans cet entretien au sujet de l'opération " seconde main, premier choix". Plus que jamais, le rôle de l'État et des politiques publiques sera déterminant pour garantir l'accessibilité et la pérennité de leurs initiatives de réemploi.

« Dans ce contexte de crise écologique et sociale, il est urgent de mettre en place des politiques publiques cohérentes en matière de planification écologique qui permettent de soutenir le maintien et le développement de l’activité de ces structures de proximité, tout en leur garantissant l’accès à des gisements de qualité, gages de la pérennité de leurs modèles socio-économiques. » précise l'Union.

Vers un horizon de changement

Face à l'urgence climatique, cette organisation s'affirme non seulement comme une réponse pragmatique mais aussi comme une vision prospective pour l'économie française. En fédérant plus de 2 000 structures de l'économie sociale et solidaire, l'Union embrasse une ambition de taille : transformer le réemploi en une norme, non plus marginale, mais centrale, au sein de l'économie. Avec plus de 40 000 actifs et 20 000 bénévoles engagés, le message est clair.

S’unir pour que le réemploi devienne la norme

Pour concrétiser cette vision, l'Union propose un programme composé de sept propositions, telles que favoriser les changements de comportement, assurer un accès facile au réemploi à moins de 15 mins de chez soi, augmenter les financements dédiés, définir des barèmes de soutien étatique pour la filière, garantir un accès à des gisements d'objets de qualité, créer une école nationale du réemploi solidaire et promouvoir la réparation comme un réflexe citoyen. Ces propositions visent à ancrer le réemploi et la réparation dans nos gestes du quotidien.