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Seconde main, premier choix : la campagne de la Ville de Paris

Maurane Nait Mazi
31 octobore 2023
31 octobore 2023
5 min

La Ville de Paris dévoile à la rentrée 2023 sa campagne de communication "Seconde main, premier choix". Observez les kiosques, nul doute que vous y verrez les mots "seconde main". Pour comprendre les raisons pour lesquelles la seconde main est au-devant la scène parisienne, nous sommes allés à la rencontre du Maire adjoint en charge de l'économie sociale et solidaire, de l'économie circulaire et de la contribution à la stratégie zéro déchet de la Ville de Paris, Florentin Letissier.

La seconde main à Paris affiche
Affiche de la Ville de Paris "À Paris la seconde main est notre premier choix" - Métro Pont Marie, le 6 octobre 2023 / CMCM ©


À Paris, la seconde main est notre premier choix


Depuis son élection en 2014 l'adjoint à la Mairie du 14e arrondissement a manifesté un engagement clair en faveur de l'environnement et de l’économie sociale et solidaire. En prenant le poste de Maire-adjoint de Paris en 2020, Florentin Letissier a renforcé son intérêt pour l'économie circulaire. Son orientation politique, marquée par son affiliation à Europe Écologie Les Verts (EELV), est tournée vers la durabilité et le réemploi.

Florentin Letissier, Maire adjoint à l'économie circulaire, l'économie sociale et solidaire, et le zéro déchet de la Ville de Paris pour le réemploi
Florentin Letissier le 2 octobre 2023, Salon Gustave Eiffel, Paris - Maurane Nait Mazi / CMCM ©


Pour l'ancien professeur de sciences économiques et sociales, Paris doit être un exemple en matière d'économie circulaire, où chaque ressource est valorisée, là où rien qu'en vêtements, 20.000 tonnes sont jetées chaque année.

« J'ai en charge un portefeuille qui est celui de l'économie sociale et solidaire, l'économie circulaire et la stratégie zéro déchet. Dans la hiérarchie des 5 R, le réemploi arrive juste après la démarche de réduction. Réutiliser avant de recycler. » Florentin Letissier
Schéma Economie circulaire à Paris

Schéma de la hiérarchie des modes de traitement de la matière et démarche zéro déchet - CMCM ©

Le jeune élu précise que derrière l'engagement des entreprises se cachent plusieurs réalités.

« Quand on parle de mode durable par exemple, cela veut dire plein de choses. Les grandes marques vont vous dire qu'il faut de la mode engagée, même les marques de fast fashion disent qu'elles ont des pratiques plus engagées. Il peut y avoir du greenwashing derrière. »

Derrière le réemploi mis en lumière par la Ville de Paris, il y a donc un engagement politique. Oui, mais lequel ? 

La seconde main oui, une seconde main solidaire !

La campagne de communication concerne le réemploi solidaire soit celui proposé par les structures de l'économie sociale et solidaire comme les associations, les coopératives ou les structures qui ont des démarches d'insertion par l'activité économique.

« La campagne de communication que l'on a lancé est sur le réemploi solidaire, c'est-à-dire celui des structures de l'économie sociale et solidaire ayant le statut ESS 2014 comme peuvent avoir beaucoup de ressourceries avec des chantiers d'insertion. »  Florentin Letissier

le média de la seconde main

M. Letissier souligne la démarche sociale de la Ville de Paris en matière de réemploi. La seconde main, et pas seulement elle d'ailleurs, le réseau de partenaires de l'économie circulaire présenté, sont exclusivement solidaires.

« Sur la carte de la Ville de Paris on ne recense pas tous les lieux de seconde main, j'imagine que l'on pourrait recenser des grandes chaînes de magasins qui proposent des corners. Mais on met le focus sur le réemploi solidaire parce que la démarche globale que l'on défend est celle de l'économie circulaire avec les enjeux sociaux de l'insertion. »

La cartographie de plus de 100 structures à Paris : ressourceries, recycleries, réparateurs, boutiques solidaires

La Ville de Paris a édité une cartographie des structures de l'économie sociale, solidaire et circulaire permettant d'allonger la durée de vie des vêtements, objets, appareils électroniques. Il est possible de sélectionner l'intention projetée : acheter, réparer ou donner, ainsi que le type de bien concerné (bijoux, montre, horlogerie, articles de sport, petit appareil électroménager, etc.)

Boutiques seconde main à Paris

Que dit cette carte ?

« Aujourd'hui, si vous regardez la carte, il y a des zones dans Paris où il commence à y avoir une vraie offre. Elle se concentre dans le Nord-Est de Paris. » Florentin Letissier

Pourquoi une campagne de communication sur le réemploi ?

Cette campagne met en lumière l'importance du réemploi, encore méconnue souligne le Maire adjoint, et vise à renforcer une filière économique encore fragile.

Une démarche encore méconnue à Paris

L'un des objectifs de la campagne est de sensibiliser au réemploi.

« Le réemploi est vertueux et peu connu finalement. Le grand public connaît bien le recyclage, mais moins la notion de réemploi. » Florentin Letissier

Lire aussi : Communication numérique : le réemploi aura-t-il bientôt son émoji ?

Faire connaître le réemploi pour renforcer la filière économique

Le succès des structures repose sur leur capacité à générer du trafic en boutique. En augmentant leur visibilité, Florentin Letissier précise "nous espérons les connecter avec un public plus large et ainsi accroître leurs ressources économiques." Les collectivités jouent un rôle clé dans le développement de cette économie car "bien que nos budgets ne soient pas illimités, nous pouvons orienter les financements publics". L'élu précise comment la Ville de Paris soutient les structures de réemploi solidaire durant leur phase de démarrage et l'enjeu de développement.

« On intervient dans la phase d’amorçage où les structures se créent. On les aide à trouver un premier local, on finance les premiers investissements, l'achat d'un véhicule, des équipements. On est sur cette logique de création de filière économique. »

La Mairie soutient ensuite les financements de manière récurrente peu importe la taille de la structure, et notamment les postes en insertion financés en partie par l’État pour les structures agréées. L'autonomisation des structures est donc un enjeu.

« L'objectif est de faire connaître le réemploi et ses structures pour leur permettre de se développer. »

Le Maire adjoint précise que Paris ne fait pas figure d'exception en matière de seconde main mais qu'elle peut se distinguer.

« Il y a beaucoup de villes qui soutiennent leurs ressourceries notamment. A Paris, on a une force de frappe importante car on a des budgets significatifs, un historique aussi, cela ne date pas de 2 ans mais de plusieurs années. On a acquis une légitimité. »
Discours sur la seconde main par Florentin Letissier à Paris
Florentin Letissier lors de son discours le 4 octobre 2023 - Semaine des Autres Modes en salle Gustave Eiffel. Crédits photo : Maurane Nait Mazi / CMCM ©

Demain, Paris et la seconde main  

A la fin de son mandat, l'élu souhaite doter chaque arrondissement et chaque quartier de boutiques de seconde main et de réparation. On peut donc imaginer 80 quartiers de Paris branchés à un réseau de valorisation et distribution solidaire complet. Un large périmètre à investir : l'Ouest du Nord au Sud.

«  À la fin de mon mandat, j'aimerais voir un maillage plus dense de structures de réemploi solidaire. Aujourd'hui, il y a des zones dans Paris où il commence à y avoir une vraie offre et d'autres où il y en a pas. Il faut que dans son quartier, il y ait des solutions sans aller à l'autre bout de Paris, se faire une demi-heure de métro pour trouver une structure de réemploi. »

Plan ambitieux ? L'élu précise « un vrai objectif » de la Mairie, sans communiquer de données chiffrées.

« Nous n'avons pas de chiffre ou de nombre à atteindre. Mon objectif est d’étoffer cette carte des lieux pour offrir toujours plus de solutions, multiplier les possibilités près de chez soi » Florentin Letissier