Présent au Sommet des Océans sur France 2, Emmanuel Macron a été interpellé sur la loi anti-fast fashion et sur le rôle de son ancien ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, devenu conseiller de Shein. Un échange tendu, sur fond de crise écologique et de conflits d’intérêts. Quelques minutes plutôt, le président de la République se disait favorable à la taxation des plateformes comme Shein. "C'est de la concurrence un peu déloyal", a-t-il estimé.
« C’est pas correct ce que vous faites. » Un sommet sur les océans, Emmanuel Macron, Hugo Clément, la loi anti-fast fashion, Shein, et un ancien ministre devenu lobbyiste : tous les ingrédients étaient réunis pour une séquence télévisée marquante. Et ça n’a pas manqué.
Mardi 10 juin, le président de la République était invité sur le plateau de France 2, exceptionnellement délocalisé à Nice, à l’occasion de la troisième conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC 3). Lors d’une émission spéciale intitulée Urgence Océan : un sommet pour tout changer, les journalistes Léa Salamé et Hugo Clément ont notamment abordé le sujet de la loi anti-fast fashion, adoptée à l’unanimité l’après-midi même au Sénat.
L’occasion pour le chef de l’État de s’exprimer publiquement sur cette loi, mais aussi de répondre — non sans irritation — à une question sur le virage professionnel de son ancien ministre de l’Intérieur.
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Interrogé sur Christophe Castaner chez Shein, Emmanuel Macron s’agace face à Hugo Clément
Alors qu’Emmanuel Macron rappelait la responsabilité des consommateurs dans l’essor de la fast fashion, Hugo Clément l’a interrogé sur celle des responsables politiques.
« Qu’est-ce que vous dites à cet homme que vous connaissez bien, qui a été l’un de vos proches, votre ministre de l’Intérieur ? Cet homme, c’est Christophe Castaner, et aujourd’hui, il travaille pour Shein. Il est conseiller stratégique en France de la marque chinoise. Il n’y a rien qui vous gêne ? », demande le journaliste et fondateur du média écologiste Vakita.
« C’est un peu nul, ce que vous faites », réagit alors le président, visiblement gêné. « C’est nul par rapport au débat (…) Je n’ai pas envie de rentrer dans ce débat un peu stigmatisant et un peu personnel », fustige-t-il.
Face à l’insistance du journaliste, Emmanuel Macron se crispe davantage : « C’est sa vie, ce n’est pas la mienne. Et ce n’est pas parce qu’il est chez Shein maintenant que ça changera quelque chose au schmilblick. » Pour rappel, Christophe Castaner est également président du conseil de surveillance du port de Marseille.
« Ah bah quand même, vous êtes en train de dire qu’il faut lutter contre Shein, mais un de vos anciens fidèles travaille pour eux… C’est un ancien ministre d’État, il œuvre désormais pour la fast fashion, c’est légitime de poser la question ! », rétorque Hugo Clément.
Le président de clore alors le sujet :
« On a une Haute Autorité pour la transparence de la vie publique qui, comparée à ce qui existe ailleurs dans le monde, impose déjà des règles très strictes. Pour beaucoup d’anciens ministres, il est très difficile de retrouver une activité professionnelle dans leur secteur. (…) Je ne suis pas là pour le juger, lui. Je n’aime pas ces méthodes. »
« Moi, je suis pour taxer les plateformes »
Un peu plus tôt dans l’émission, une autre question liée à la fast fashion avait été posée au président : « La marque pour laquelle les Français ont le plus dépensé l’année dernière, Monsieur le Président, vous savez laquelle c’est ? », l’interroge Hugo Clément. « Shein ! », enchaîne-t-il face à l'absence de réponse. « Pourquoi les met-on en concurrence avec des industriels français qui, eux, respectent la loi ? », poursuit le journaliste.
« Le paradoxe que vous venez de soulever, je le partage à 100 % », reconnaît Emmanuel Macron. « C’est mon combat depuis des années : ce qu’on appelle la clause miroir. C’est dire qu’on pousse nos industriels à se moderniser, tout en les laissant concurrencés par des acteurs qui ne respectent pas les mêmes règles. »
Et le chef de l’État de conclure : « Moi, je suis pour taxer les plateformes. C’est une concurrence déloyale. On peut en tirer des recettes fiscales, surtout en période de tension budgétaire. Ces plateformes, ces centres de dépôt… moi, je suis favorable à les taxer, parce que ça permet de corriger une distorsion de concurrence. »
Le président de la République a également félicité les parlementaires pour le travail fait autour de la loi fast-fashion et s'est dit également favorable à l'interdiction de la publicité pour l'ultra-fast fashion, comme prévu dans les deux textes (du Sénat et de l'Assemblée nationale).
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Catégorie : Politique


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