Exclusif. La start-up spécialisée dans la revente de jouets, jeux et livres jeunesse d’occasion, Kidibam est désormais en redressement judiciaire. En cause : des coûts fixes insoutenables, une concurrence féroce et un marché du jouet d’occasion qui s’avère plus précaire qu’annoncé. « Il reste un espoir très mince pour Kidibam, on se dirige vers un repreneur », déclare un dirigeant à CM-CM.fr.
Le naufrage des start-up de la seconde main continue. Kidibam, jeune acteur français du jouet d’occasion, a été placée en redressement judiciaire le 23 septembre 2025. « On prépare une cession à un repreneur afin de garantir une poursuite d’activité », indique son cofondateur François Truong.
Fondée en 2022 avec Théodore Chastel, la start-up avait levé des fonds en 2024 pour industrialiser son modèle. Sa promesse est condensée dans ce slogan « Kidibam s’occupe de tout ». De la collecte au reconditionnement, la jeune pousse voulait offrir une expérience fluide aux parents, comparable à celle d’un site neuf. Malgré un savoir-faire technologique comme la création automatisée de fiches produits par intelligence artificielle, la réalité économique a vite rattrapé l’ambition.
Le marché du jouet de seconde main en tension
« Même si on propose une expérience meilleure que Vinted ou Leboncoin, le prix reste le facteur décisif. Le consommateur ne paiera pas plus cher pour un jouet d’occasion nettoyé et vérifié », reconnaît François Truong. Les marges, déjà faibles, sont étouffées par la hausse des coûts logistiques et le manque de moyens publicitaires.
« Le e-commerce sans un énorme budget d’acquisition, qui ne cesse d’augmenter, c’est compliqué. »
Pour diversifier ses canaux, Kidibam commercialise ses produits sur des marketplaces comme Cultura ou récemment Opla, repreneur des actifs d’OMAJ, mais les volumes y sont restés trop faibles pour compenser la concurrence en ligne.
Comme d’autres acteurs, Kidibam subit de plein fouet la concurrence directe des plateformes asiatiques comme Temu et AliExpress ou encore Amazon, où les jouets neufs se vendent parfois moins cher que la seconde main. Le marché du jouet d’occasion reste pourtant porteur : selon le baromètre 2024 publié par Écomaison, il représente près de 6 % du marché total du jouet, soit 270 millions d’euros, mais avec une rentabilité fragile et dépendante des volumes.
Depuis les dix-huit derniers mois, l’entreprise donne pourtant le sentiment d’être partout : présente dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les grandes enseignes. Une visibilité insuffisante.
"Du volume" pour envahir le rayon jouets de la grande distribution
Pour accélérer sa croissance, Kidibam a amorcé une diversification dans la grande distribution, notamment Intermarché. L’entreprise prévoyait d’être présente dans une cinquantaine de points de vente au total, tous distributeurs confondus, d’ici la fin de l’année 2025. Elle s’était déjà distinguée fin 2024 avec un partenariat mené avec Carrefour à l’occasion de Noël. L’opération proposait aux clients de donner leurs jouets en échange de bons d’achat, via la plateforme dédiée carrefour.kidibam.fr. Concrètement, les particuliers envoyaient une photo de leur jouet, recevaient une proposition de reprise, puis expédiaient le produit gratuitement via Mondial Relay.

Mais le temps et les moyens ont manqué pour déployer pleinement cette stratégie. « On sentait un relais de croissance dans la grande distribution, mais il faut énormément de volume pour que cela fonctionne », admet François Truong. L'entreprise n'a pu faire l'accélération projetée avant Noël.
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Vers une reprise ?
Les fondateurs espèrent trouver un repreneur capable de sauvegarder l’emploi, valoriser le stock et l’outil technologique.
« Notre souhait, c’est la sauvegarde de l’emploi et la poursuite de l’activité. Ce qu’on a construit doit pouvoir servir. »
La communauté Kidibam continue de manifester son soutien à l’entreprise en difficulté. « On fait des journées de ventes dignes d’un début décembre. Cela redonne un peu d’espoir », se rejouit François Truong. Des échanges sont en cours avec plusieurs acteurs intéressés par une reprise. En attendant, l’activité de l’entreprise continue.
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Catégorie : Business

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