Clémence Aulas nous accueille chez elle, en plein cœur de la Capitale des Pays de la Loire.
Cette angevine de 32 ans réside depuis 7 ans à Nantes, ville qu’elle adore. Elle partage sa vie avec Arnaud et leur spitz nain, Roco.
Clémence a la blague facile, le contact né, adore les rencontres et les balades. Avec elle, les discussions tournent vite à la seconde main. Elle dit d’elle que la seconde main est sa religion.
“ La seconde main est ma religion. ”
Elle ne jure que par la seconde main, c’est vrai. Et elle ne garde pas cela que pour elle, bien au contraire. Elle prône une adoption massive et œuvre pour y arriver.
Cette nantaise ne manque pas d’ingéniosité pour faire sa part et aider.
Toujours partante pour donner un coup de main, les commerçants peuvent compter sur elle. Première à se porter bénévole pour trier des objets en boutique solidaire, à relayer une actualité en cas de besoin, à mettre en lumière des initiatives locales sur les réseaux sociaux.
Un franc parlé apprécié, pas de langue de bois chez Clémence qui sait pousser des coups de gueule, notamment sur Linkedin.
Ses proches sont en partie convertis. Il faut dire qu’elle sait y faire, c’est d’occasion qu’elle fait l’intégralité de ses cadeaux à Noël.
Son dynamisme est salutaire, Clémence est tout terrain ! Nous avons vu pendant notre semaine de tournage une vraie volonté de fédérer. Engagée pour faire rayonner Nantes, faire d’elle la capitale de la seconde main. Le carnet d’adresse nantais de Clémence est une bible qu’elle nous partage en partie à la fin de l’article.
En bref, Clémence vit seconde main et convertit à la seconde main. Radicale a priori. Cette communicante de métier l’a compris. Pour faire monter un sujet dans le débat public et pour attirer l’attention, interpeller est la clé. Interpeller est sa marque de fabrique. Un exercice au service de son vœu pieux : une seconde main partout et pour tout le monde.
Convaincue de ses bienfaits, elle fait de la pratique du réemploi un élément fondamental de sa vie.
Selon l'ADEME, alors que l’achat du neuf est pour l’instant perçu comme une norme d’achat pour 75% des Français, plus de la moitié des Français (54%) considère aussi que l’achat d’occasion s’inscrit dans la norme.
Plus qu’une norme, la seconde main, est pour Clémence sacrée.
Nous avons affaire à une passionnée qui avec beaucoup de mesure aborde des sujets qui lui sont chers : surconsommation, pouvoir d’achat, accessibilité de la mode et tendances.
Le “moins” de “consomme moins” de Clémence passe par la réflexion avant chaque achat. Distinguer l’achat plaisir de l’achat compulsif. Un travail qu'elle a mené et qui porte ses fruits.
Le “mieux” passe par sa vision assez dogmatique de la seconde main.
Discuter du pouvoir d'achat peut être délicat, mais pas pour Clémence, qui a choisi d'aborder ce sujet avec transparence.
C'est la dimension économique qui l'a poussée à revoir son rapport à l’achat.
Elle nous invite à le questionner ensemble.
" Mon talon d'Achille, c'est l'habillement. Cela représente une grande partie de mes postes de dépenses. 100€ par mois. J'ai par le passé été licenciée pour des raisons économiques. Au chômage, j'ai dû revoir mes finances perso. Un très bon exercice pour moi, mais ce n'a pas été facile. ”
Clémence a vu dans cet événement l'occasion de faire des tests et de revoir l'attribution de ses dépenses.
" Je voulais voir ce que ça allait me faire une grosse diète. Moins dépenser, voire ne plus dépenser. ”
En questionnant ses habitudes de consommation, cette grande consommatrice est parvenue à traquer ses dépenses.
" Qu'est-ce qui est vraiment lié à mes besoins ? Qu'est-ce qui est lié aux envies, aux stimulations extérieures ? Il est évident qu'Instagram suscite des envies que tu n'aurais jamais eues auparavant. ”
Ce moment de vie a été un tournant. Ne plus remettre à plus tard et observer pour mettre en place des habitudes plus saines.
" Par exemple, ce sac va t-il avec au moins trois tenues ? Est-ce que je l'aimerai toujours dans 6 mois ? Est-ce que je me projette avec ce sac dans 10 ans ? Si la réponse est non, je ne le prends pas avec moi. ”
Cela permet d’interroger la durabilité du plaisir dans l’achat : plaisir éphémère ou pérenne ?
Elle s'est donné le défi de ne pas faire d'achat de mode ni d'accessoires pendant trois mois.
“ Seconde main ou neuf, pendant 3 mois je n’achète rien. “
Il est possible de dénicher des pépites à très bas prix. Elle le sait.
“ La seconde main, ça coûte moins cher. ”
Dans l’habillement pour le même budget, on peut acheter le double, le triple pour le prix du neuf. La tentation d’acheter encore plus est donc grande.
L’expérience de Clémence met en lumière un paradoxe. Les achats plaisir ou impulsifs concernent autant le marché de l’occasion que celui du neuf.
Sur le marché du neuf comme sur celui de l’occasion, une majorité de consommateurs flâne sans projet d’achat précis, sur les plateformes en ligne comme dans les magasins physiques. C’est ce que montre la dernière étude de l’ADEME « Objets d’occasion : surconsommation ou sobriété ? ».
“ Un craquage à Saint-Malo, parce qu’à Saint-Malo il pleut. J’ai dû m’équiper de bottes pour ne pas finir trempée. Un achat besoin. Je me suis dit c’est cool, je pourrais les ressortir à Nantes. Mon mec m’a aidée à les choisir. J’étais dans un moment de restriction d’achat, j’ai pris le temps de m’interroger. C’était un très bon moment en y repensant. “
Un achat utile qu’elle nous raconte en détail avec beaucoup de satisfaction.
Un échec ? Bien au contraire, Clémence a relevé son défi. C’est moins le résultat que l’expérience acquise qui importe.
" J'ai revu mes perspectives d’achat, identifié mes points de douleur et de frustration. "
" Avant, je craquais toutes les deux ou trois semaines, mais cette diète m'a permis de réaliser que ce que j'avais sur ma liste d'achats il y a trois mois n'était qu'un plaisir éphémère. "
Clémence y a immédiatement vu l’occasion d’économiser pour s’offrir plus de loisirs. D’acheter ce qui lui procure un plaisir sur le moyen ou long terme aussi.
Cette expérience l’a changée.
Clémence acquiert de la seconde main de bien des façons en achetant, en troquant et recevant des dons. Elle vend, elle échange et donne également.
Elle achète, c'est-à-dire échange un bien contre de l’argent.
Clémence achète en vide-greniers et en boutique solidaire en périphérie de Nantes, à Emmaüs par exemple. Elle a l’œil, la patience et adore chercher la pépite. Elle achète également dans le centre-ville certaines pièces pour soutenir des commerçants nantais.
Par exemple, ses lunettes vintage proviennent de la Recyclerie de Lunettes. Voir le portrait de l'opticienne Sonia.
Pour la démarche et par passion, elle troque. Elle se sépare quotidiennement d’objets en les échangeant à la Trocquerie.
Elle a par exemple troqué des ustensiles de cuisine contre ce sac.
Porter ce sac la rend fière. Appartenu à la mère d’Agathe, la fondatrice de la Trocquerie, il retrouve une seconde jeunesse.
“ Je l’aime aussi parce qu’il est revival 90-2000. “
Clémence donne et reçoit aussi. Occasionnellement, elle recherche des objets donnés dans son quartier sur l’application GEEV, l’application gratuite de don d’objets entre particuliers.
Grâce à une amie qui lui a transféré l'annonce, elle a pu recevoir le don de ce meuble vintage qu'elle adore. Un couple à une rue de chez elle s'en séparait.
Meuble hi-fi en Plexiglas des années 70-80.
Il a trouvé sa place avec évidence dans le salon, et elle ne le vendrait pour rien au monde.
“ Si on déménage, il part avec nous ! Je ne m’en séparerais pas. “
Clémence achète des sacs, plus spécifiquement des sacs à main. Le porté épaule c’est son truc. Son dressing en compte une dizaine.
Elle apprécie les couleurs vives, les motifs et les imprimés.
Elle nous montre ses trouvailles et raconte leur histoire, leur provenance et ce qui l'a guidée dans son choix pour tel ou tel sac plutôt qu'un autre.
Sac à main “classique” en cuir Herault, acheté 1€ à Emmaüs.
Elle a succombé à l’achat d’une grossière imitation d’une marque de fast-fasion qu'elle appelle "Jacquemous".
Ce sac qu'elle porte quotidiennement a été acheté 10€ sur Vinted.
Elle nous confesse qu’elle n’en est pas fière mais qu’elle l’adore.
“ J’adore le orange. Je suis dans une année orange. Ce sac un vrai faux. Ça me fait rire de le porter. C’est très second degré. ”
Même si elle apprécie depuis toujours le travail artistique de Simon Porte Jacquemus, elle ne conçoit pas de dépenser plus d’une vingtaine d’euros pour un sac.
Elle ne porte pas de maroquinerie de luxe. Difficile de porter un authentique sac de créateur à ce prix. Elle ne désespère pas, elle sait qu’un jour elle en trouvera un !
" De toute façon, le style n'est pas une affaire de prix ! ”
Ikea vintage, 50€ sur Leboncoin.
“ Ma patience a payé, cette pièce de mobilier je la voulais depuis très longtemps chez moi. Vrai ou faux peu importe, c’est son aspect esthétique que je valorise, pas sa cote. ”
De la vaisselle de Limoges style rococo, une table en Formica, de jolis luminaires, et des livres de design pour habiller l'espace salle à manger.
Un mélange d’univers chinés localement. Des touches de vert et de jaune, un clin d’œil à Nantes peut être. Clémence mélange avec goût le vintage. Preuve en est que le beau n’est pas une concession dans l’occasion.
Céramique de l'artiste Arnaud Enroc
Aucun cadre n’orne les murs de cet appartement nantais. Une volonté de faire vivre les tableaux, les changer de place continuellement.
“ Changer sa déco sans nouveau tableau. “
Les tableaux sont disposés de manière à pouvoir les changer selon les humeurs, créant ainsi une composition vivante.
Clémence est communicante de métier depuis 11 ans. Exercer son métier dans la seconde main, elle y a pensé mais n’a pas à ce jour trouvé le job de ses rêves.
Aujourd’hui, elle prend plaisir à rédiger du contenu sur la comptabilité, après des expériences dans des secteurs d’activité éloignés, comme par exemple les protections hygiéniques. Le défi c’est ce qui la pique ! Elle est également devenue contributrice pour notre média CMCM.
Nantes est la ville où elle adore vivre et sortir. Voici quelques adresses.
Photos et interview Maurane Nait Mazi
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