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« Dans la seconde main, il n’y a pas de place pour les personnes grosses » : le gros vide-dressing pour rompre l'exclusion

Maurane Nait Mazi
19 février 2024
19 février 2024
4 min

L'Académie du Climat a organisé son "gros vide-dressing" le week-end dernier, un événement organisé par Gras Politique, une association féministe luttant contre la grossophobie. Plus qu'une simple vente de vêtements, cet événement met en lumière les défis auxquels sont confrontées les personnes grosses dans la mode.

La mode au-delà de la taille 46 en seconde main

La diversité des styles et des tailles sur les portants reflétait l'objectif d'inclusivité de l'événement. Du casual au plus formel, de la taille 46 à des tailles plus grandes, il y en avait pour tous les goûts. Pour faciliter l’accès aux grandes tailles, « nous avons pris l'initiative d’organiser le gros vide-dressing à prix solidaire » précise la féministe Daria Marx, aussi co-fondatrice du collectif Gras Politique. Pour l’organisatrice et co-auteur de l'ouvrage "Gros n'est pas un gros mot", il est essentiel que chacun ait la possibilité de se vêtir, quel que soit son budget ou sa taille.

« L’offre en grande taille en vêtements est très réduite et très chère. Échanger, troquer, acheter à petit prix est nécessaire. » — Daria Marx

Les personnes grosses exclues de la seconde main

Le "gros vide dressing" est un espace qui encourage et facilite le réemploi des vêtements à celles qui en sont exclues et achètent essentiellement en ligne. Gabrielle Deydier, autrice et réalisatrice spécialisée dans la grossophobie, révèle que l'industrie de la mode promeut un faux sentiment de "body-positivity" tout en dénigrant les personnes de grande taille. Elle affirme que, malgré l'émergence de quelques mannequins dits "grande taille", l'offre en magasin reste souvent insuffisante et inadaptée, se limitant à des coupes difformes et des pièces visant à dissimuler la silhouette plutôt qu'à mettre en valeur les corps.

« Ce vide dressing permet aussi de lutter contre la fast fashion » souligne Daria Marx.

Elle poursuit « pour les personnes grosses, il n’y a pas de mode éthique, il n’y a pas consommation éthique possible. Ou alors c’est excessivement cher et donc pas accessible aux personnes grosses. On est obligé de consommer en fast fashion. » Les petits prix de la seconde main sont donc une alternative à la fast fashion, mais l’offre d'occasion reste marginale.

Les plateformes de revente et les friperies n’adressent pas le besoin de vêtements de grande taille

Les personnes grosses rencontrent des difficultés lorsqu'elles cherchent des vêtements de seconde main. La sélection disponible en ligne et en boutique est limitée, ne correspondant d’ailleurs pas aux préférences personnelles ou au style souhaité. Hormis les articles en fast fashion qui alimentent Vinted, les places de marché ne proposent pas d’articles supérieurs à la taille 44 en seconde main témoignent les personnes présentes à l’événement.

L'Académie du Climat a autorisé exceptionnellement la vente de produits sur son site. Pourquoi cette dérogation ? Une partie de la réponse se trouve dans les mots de Stephanie Lagesse Patanchon, une exposante du vide dressing :

« Dans la seconde main, il n’y a pas de place pour les personnes grosses. »

Cette quadragénaire souhaite contribuer au changement avec la friperie Granny plus qu'elle a récemment montée. Une friperie en ligne comptant parmi les rares friperies proposant une sélection grande taille de pièces vintage. L'événement, qui a accueilli 200 personnes pour sa première édition, "n'est qu'un début", selon Daria Marx, qui aspire à généraliser le concept du gros vide-dressing.

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